En 2019, la Carline a fêté ses 30 ans… Redécouvrez la tribune des 30 ans de « chiches » !
La Carline : 30 ans de ‘’chiches’’
Qui aurait cru que l’association créée par quelques utopistes devienne un jour une alternative au commerce contemporain? Et pas n’importe laquelle puisque La Carline emploie 13 salariés, génère 44% de ses revenus à travers la vente de produits locaux (fournisseur à moins de 75 kms) et vient de rénover une extension en centre-ville. La Carline a 30 ans et c’est l’occasion de faire un point sur le chemin parcouru.
De l’association à l’épicerie coopérative ouverte à toutes et tous
En 1989, une dizaine de familles se regroupent pour acheter les produits bio introuvables sur le Diois. Les bénévoles gèrent tout : commandes, logistique, compatibilité. Les commandes groupées s’intensifient au point de devenir un magasin avec des permanences bénévoles. Le succès grandit et l’association embauche ses premiers salariés en 2003. En 2006, avec 600 personnes adhérentes, La Carline est une véritable petite PME à l’étroit dans son statut associatif.
Dans le même temps, l’arrivée des produits diois dans l’épicerie questionne le projet : et si l’on en profitait pour faire un projet ambitieux dans la bio locale ? Chiche ! En 2009, La Carline se transforme en Société Coopérative d’Intérêt Collectif (prononcez sic), composée de producteurs, de consommateurs et salariés.
Ni patron ni actionnaire ? Chiche !
Une SCIC est une coopérative dirigée par son écosystème. Ici, pas de patron tout puissant, ni d’actionnaire : La Carline appartient aux citoyens ayant achetés des parts sociales. A l’assemblée générale, chaque sociétaire possède une voix, peu importe le nombre de parts. Les consommateurs, producteurs et salariés travaillent ensemble au conseil d’administration. Contrairement aux actions d’une société, les parts sociales ne sont pas rémunérées, ce qui signifie que l’on rémunère le travail et non le capital. Cela permet à La Carline de réutiliser ses bénéfices à bon escient : 50% retournent en réserve pour garantir son indépendance, 25% soutiennent des associations (ADEAR, La Matériauthèque) et entreprises locales (Dwatts, Villages Vivants), 25% permettront de réduire les marges sur certains produits.
Côté emplois, La Carline compte aujourd’hui 13 salariés avec un management horizontal qui permet à l’équipe d’être investie et fière de son travail. Le salaire le plus haut n’est pas supérieur à deux fois plus que le plus bas, lequel est 20% plus élevé que le SMIC.
Préférer le centre-ville pour préserver les terres agricoles ? Chiche !
En 2009, La Carline achète et rénove le 21 rue du Viaduc. En 2017, il faut pousser les murs pour aménager bureaux et réserves. L’équipe tient à une extension en centre-ville pour ne pas s’installer sur les surfaces agricoles occupées par la ZAC. Artisans, salariés et bénévoles se démènent pour réaliser une rénovation écologique sur le bâtiment voisin qui ne coûte pas plus chère qu’un nouveau bâtiment sur la zone industrielle. Pari gagné : aucun prix n’augmente pour financer les travaux.
Essaimer plutôt que grossir? Chiche !
Sur le territoire, La Carline co-organise Les Rencontres de L’Ecologie de 2005 à 2009. Depuis elle propose des ateliers de cuisine, visites de fermes et soirées débats liées à l’agriculture. Mais c’est aussi avec son accompagnement d’activités bio qu’elle joue son rôle d’entreprise citoyenne. En 2015, elle opte pour la stratégie “d’essaimer” plutôt que d’ouvrir de nouveaux magasins, en aidant des gens à se lancer dans l’alimentation bio avec la coopérative GRAP.
Comment nourrir le Diois en produits bio, locaux et avec éthique?
C’est une question quotidienne à La Carline. Conseil d’administration et salariés travaillent à s’émanciper des plateformes d’achats en choisissant des produits provenant directement des producteurs et font un gros travail de transparence sur l’origine des produits. Evidemment, ils rencontrent des difficultés inhérentes à leur activité : comment proposer au plus grand nombre des produits issus de petites exploitations? comment faire coopérer plusieurs producteurs pour fournir les volumes distribués par La Carline? Ces difficultés les obligent à se remettre constamment en question et leur donnent aussi le sentiment de progresser vers l’objectif ambitieux qu’ils se sont donnés : créer un commerce de la transition écologique et sociale.
La Carline, 30 ans de bio en Diois
Un film réalisé par l’association La Bande sonore,
Par Kiyé Simon Luangkhot et Caroline Fontana